Ces derniers jours le pays était en ébullition avec la tenue de plusieurs procès dont celui du gendarme à qui l’on a sectionné une main. Impliqué dans cette affaire, selon le procureur de la République et à en croire les propos du président de l’Assemblée de l’Union qui cite un mandat d’arrêt «pour faits de complicité, de coups et de blessures volontaires, destruction et tentative d’assassinat», le député de la région du Hambuu, Ali Mhadji, a vu son suppléant le remplacer au parlement. Toutefois, alors que le procureur de la République avait fait des pieds et des mains pour obtenir la levée de son immunité parlementaire, la surprise est de constater que lors du procès, le nom d’Ali Mhadji n’a même pas été cité. Cette situation et porteuse d’interrogation. Quelle lecture peut-on faire de ce cas après les efforts du palais de justice pour mettre le député du Hambuu à la disposition du juge?
Toujours est-il qu’Ali Mhadji a été remplacé par Aboubakar Youssouf au Palais du peuple. A ce propos, le président de l’assemblée de l’Union se veut clair et précis. «Dès lors que le député aura réapparu, il peut par une lettre qui me sera adressée, reprendre sa place en tant que député titulaire. Je l’avais remplacé parce que les textes sont précis quant au fait qu’un député empêché se doit d’être remplacé ou qu’il y ait des élections partielles en cas de vacance définitive. Il ne s’agissait en aucun cas de radiation ou d’invalidation puisque je n’ai pas cette compétence. On n’empêche pas pour empêcher», a affirmé Abdou Ousseni en «s’appuyant» sur l’article 21 de la loi N° 14-017/AU du 26 juin 2014 relative à l’élection des représentants de la Nation.
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Alors est-ce une stratégie du procureur pour l’inciter à se montrer ou tout simplement le député n’a rien à voir avec le sectionnement de la main du gendarme Ali Radjabou lors du référendum du 30 juillet dernier? C’est le lieu de rappeler que l’autre député cité dans l’affaire a pris jusqu’à vingt ans de réclusion criminelle pourtant, lui aussi, est introuvable. Pour les députés qui s’identifient aux mêmes idéaux que l’éiu de Hambuu, il s’agi d’un «guet-apens». «Des choses nous échappent sinon comment comprendre que son nom n’a même pas été cité. A cela, il faut ajouter le fait que le président de l’Assemblée affirme qu’Ali Mhadji peut reprendre sa place dès son apparition alors qu’il n’a pas pris son temps pour procéder à son remplacement. Tout ceci fait plutôt penser à un piège. On ne comprend pas le fait que lui et Idi Boina ne sont pas inquiétés malgré les agitations autour d’eux. On a de quoi craindre», analyse le député de Moroni sud, Mohamed Msaidié.
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Le député Soulaimana Mohamed Soilih, quant à lui, met l’accent sur la décision du président du parlement d’effectuer des remplacements de député. «Ce qui se passe confirme que l’anarchie règne dans notre institution. Je précise que le suppléant d’Ali Mhadji ne pourra pas aller loin parce qu’on ne siègera jamais avec quelqu’un qui n’aura pas suivi les procédures légales pour nous rejoindre. Nous considérons cette décision illégale et le titulaire n’a pas à écrire pour revenir puisqu’il n’a jamais quitté l’institution», affirme-t-il avec conviction.
Une chose semble certaine, l’affaire Ali Mhadji est loin d’avoir livré son verdict final.