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Ministère des Affaires étrangères I La diplomatie comorienne toujours sans patron

Ministère des Affaires étrangères I La diplomatie comorienne toujours sans patron

Politique | -   Abdallah Mzembaba

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Douze jours depuis que Souef Mohamed El-Amine a démissionné de son poste de ministre des Affaires étrangères. Outre le fait que le ministère soit dépourvu d’un chef, c’est aussi la Commission de l’Océan indien qui n’a plus de président puisque ce sont les Comores, à travers son ministère des Affaires étrangères, qui en assurent la présidence depuis le mois de mars dernier.

 

Il y a maintenant plus d’une semaine, Souef Mohamed El-Amine démissionnait de son poste de ministre des Affaires étrangères, après trois années passées à la tête de la diplomatie comorienne. Un départ motivé par des «raisons personnelles», selon l’intéressé et surtout parce qu’il estime «avoir accompli la mission que m’avait confiée le chef de l’Etat». Depuis, les Comoriens attendent le nom de son remplaçant. Salué par beaucoup pour «ses qualités et son bilan à la tête de la diplomatie comorienne», Souef Mohamed El-Amine n’a en effet pas toujours été remplacé, douze jours après sa démission. Comment comprendre alors qu’un ministère régalien comme celui des Affaires étrangères puisse être dépourvu d’un patron depuis le 30 juillet dernier ? Ledit ministère peut-il fonctionner normalement sans une personne à sa tête ? Le secrétaire général du Maeci peut-il en assurer les affaires courantes ? Et surtout pourquoi Souef Mohamed El-Amine n’a toujours pas de successeur ?

 

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Pour répondre à ces questions, nous nous sommes approchés du conseiller spécial chargé des affaires politiques du président Azali Assoumani, Ali Mlipva Youssouf, et de l’ancien ministre de l’Intérieur et actuel secrétaire général du Juwa, Hassane Ahmed El-Barwane. Ali Mlipva Youssouf, «rappelle» que la nomination du gouvernement «relève de la compétence du chef de l’Etat en général et en particulier au niveau du ministère des Affaires étrangères qui est un pouvoir discrétionnaire du président de la République». De ce fait, il peut prendre le temps d’analyser la situation et voir comment procéder et avec quelle personne parce que «c’est lui et lui seul qui apprécie les nominations et les personnes à nommer». Le conseiller politique du président de la République rappellera également qu’il y a un secrétaire d’Etat bien que ce dernier ne «peut aucunement remplacer le ministre».


Et c’est justement le fait qu’il n’y ait pas d’intérimaire qui surprend. Sur ce sujet, «je ne pense pas qu’en l’espace d’une semaine cette absence puisse avoir un impact négatif sur le fonctionnement du ministère. Ce dernier dispose d’un arsenal riche et d’un personnel compétent pour faire face à ces quelques jours en attendant la nomination d’un ministre. Seulement, je comprends comme tout comorien qu’il y a lieu de nommer une personne pour remplacer l’ancien ministre», martèle Ali Mlipva Youssouf qui reste persuadé que le secrétaire général du ministère peut assurer les affaires courantes. Une explication qui ne convainc évidemment pas tout le monde.

La nature ayant horreur du vide, cette absence laisse des questions en suspens. Qu’est-ce qui empêche le président de nommer un intérimaire ? Pourquoi un autre membre du gouvernement n’assure pas officiellement le relai le temps de trouver un remplaçant à Souef Mohamed El-Amine ? Aurait-il placé la barre si haute au point de ne pas trouver quelqu’un pour le succéder ? Est-il irremplaçable ? Qu’advient-il de la continuité de l’Etat et surtout de la présidence de la commission de l’Océan indien dont le pays assure la présidence ?


Hassane Ahmed El-Barwane, explique que dans les faits le secrétaire général du ministère peut s’occuper des affaires administratives parce que ce dernier est le numéro un d’un département ministériel. «Le ministre c’est un poste politique et il prend des décisions politiques». En son absence, le président de la République peut s’occuper de l’aspect politique «d’autant plus que la diplomatie fait partie des domaines réservées au chef de l’Etat». «Le président peut donc garder cette manière de faire mais encore faut-il que cela soit clair et écrit. Que ça s’observe. Je veux donc dire que cela se fait mais dans un pays qui se respecte on ne peut avoir un intérimaire», a-t-il expliqué.

 

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Il ajoutera en effet que cette façon de faire a ses limites puisqu’un secrétaire général ne peut par exemple pas recevoir les copies figurées des lettres de créance d’un ambassadeur. «S’il y avait un tel cas maintenant comment allait-on procèder ? Ca ne serait pas au secrétaire de les recevoir mais un ministre». Et «pire encore, nous assurons la présidence de la Coi. Quel est le sort de la Coi avec un ministre vacant ?» Nous reviendrons sur ce sujet dans nos prochaines éditions si les choses restent en l’état d’ici là.

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