“Il y a de cela quelques temps, le procureur a affirmé que les procès sur les grosses affaires allaient se tenir avant la fin de ce mois. Certains se posent des questions sur le déroulement de ces procès y compris quelques partenaires qui demandent des explications sur telle peine infligée à telle personne. Ce sont les mêmes qui parlent de séparation des pouvoirs le matin pour la bonne gouvernance mais qui, l’après-midi, demandent des explications sur des jugements. Certes ça nous interpelle mais l’on ne peut pas instaurer une politique de deux poids deux mesures, à moins qu’ils essaient de mettre la pression parce qu’il s’agit d’un petit pays”, a répondu le diplomate comorien qui reconnait, toutefois, que le droit “exige que les juges rendent des verdicts équitables”.
“Je ne suis pas solidaire”
Informé des atrocités qu’auraient subi les personnes poursuivies dans ces affaires mais que les autorités judiciaires n’auraient pas prises en compte, Souef El-Amine informe que ces sévices tels que décrits n’auraient pas dû avoir lieu.
Si à un moment l’on parle de solidarité gouvernementale, moi je ne suis pas solidaire avec la personne responsable de ses actes si ça vient du gouvernement. Ça ne doit pas passer inaperçu. Je présente mes excuses. Nous devons suivre cette affaire parce que je ne peux pas croire qu’une autorité demande à un enquêteur de commettre ces actes”, a-t-il renchéri avant se pencher sur l’affaire du jeune d’Ikoni “abattu par balles”.
Le ministre des Affaires étrangères envoie les condoléances à la famille. “On regrette ce qui est arrivé, soit la mort d’un jeune d’autant plus qu’il ne serait pas impliqué dans l’affaire. Ceux qui ont utilisé les armes doivent être entendus. Nous devons également revenir sur leur mission afin de savoir si elle a été remplie et respectée. Les familles doivent comprendre que parfois une tragédie peut survenir sans qu’on puisse y échapper”, a-t-il dit non sans revenir sur l’opération de dédouanement forcé des voitures ayant conduit aux conséquences que nous connaissons.
Pour lui, “nous sommes dans des organismes dont Interpol et nous ne pouvons pas laisser ce genre d’opération. Nous ne savons pas quand nous aurons besoin de cet organisme. Il convient de trouver des solutions parce que nous avons des lois. Prônons l’apaisement des esprits”.
“Dire ce qui ne va pas,
ne pas jeter des pierres”
Le ministre des Affaires étrangères a ensuite mis l’accent sur un point à savoir la dénonciation des opposants qui évoquent un régime dictatorial. Pour le ministre, l’on est loin des pays sous une dictature. “Un député disait dernièrement qu’on est en dictature, que les prisonniers sont dans des conditions carcérales déplorables. Pourtant ces propos, il les a tenus ici et non à l’étranger. Je l’aurais accompagné s’il avait déposé une proposition de loi pour l’amélioration des conditions des prisonniers. Le budget de l’État se fait à l’Assemblée de l’Union et pourtant ils n’ont jamais décidé ensemble de rejeter certaines dépenses afin de réhabiliter les prisons. S’il s’avère que des personnes en réunion dans une résidence privée ont été délogées, ce n’est pas un droit. Ce n’est pas pour autant qu’on est en dictature”, répond Souef El-Amine qui rappelle que le gouvernement attend la ligue des droits de l’Homme et des peuples de l’Union africaine. Il affirmera également que le rôle de l’opposition n’est pas de jeter des pierres mais de dire ce qui ne va pas pour que le régime fasse mieux au profit de la population.
“Aucune
responsabilité”
Au cours de ce rendez-vous avec la presse, le ministre des Affaires étrangères est revenu sur l’affaire des visas pour le Maroc. Il confirme que son ministère n’a aucune responsabilité. “L’enquête que j’ai demandée est en cours et éventuellement des sanctions vont tomber s’il s’avère que des responsables sont impliqués dans mon ministère. Pour les étudiants qui auraient été arnaqués au nom du ministère des Affaires étrangères, ce sont des citoyens comme tous les autres, raison pour laquelle l’on ne va pas les laisser pour compte. Ceux qui n’ont pas pu partir pour le premier semestre pourront le faire pour le second”, confirme le conférencier qui en profitera pour rejeter en bloc les rumeurs autour de la santé du président de l’Union et d’évoquer les élections présidentielles et gubernatoriales qui devraient avoir lieu en mars pour investir le nouveau président le “26 mai”. “Le collège électoral sera convoqué dans quelques jours”, affirme-t-il.
D’autres points ont été abordés notamment la crise avec la France ou encore la liberté religieuse dans le pays.
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