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Visite du président à l'armée: “Notre ressource la plus précieuse reste la paix civile et sociale”

Visite du président à l'armée: “Notre ressource la plus précieuse reste la paix civile et sociale”

Politique | -   Maoulida Mbaé

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Dans son discours prononcé hier lors de sa première visite officielle à l’armée et la police nationale, le chef suprême des armées a appelé à préserver la paix, la plus grande richesse sur terre. Concernant la question de Mayotte, Azali Assoumani a salué la solidarité démontrée par la classe politique et la société civile. Il a indiqué qu’il va “user de tous les moyens légaux y compris des discussions franches pour parvenir à une solution pérenne, à savoir, la réintégration de l’île comorienne de Mayotte dans son giron naturel, dans les institutions comoriennes”.

 

Forces armées et police nationale se sont réunies, hier lundi, dans la matinée, au camp militaire de Kandaani, en marge de la visite du président de la République, Azali Assoumani. Il s’agit de sa première visite officielle, depuis qu’il a accédé à la magistrature suprême (deuxième mandat). “Mes propos de président de la République devant vous, forces armées et police nationale, auront un ton particulier car les liens qui nous unissent sont particuliers”, dit-il en amont, se rappelant de son passé militaire.
Devant ses “frères d’armes”, Azali Assoumani a prononcé un discours plein d’autorité, porté essentiellement sur la paix et la sécurité du pays. Le président de la République a tenu, avant tout, à “témoigner la reconnaissance et la gratitude de la Nation toute entière, pour la noble et difficile mission” que ces derniers accomplissent au service du pays.

Il s’attardera ensuite sur les questions cruciales de sécurité, qui concernent non seulement le pays, mais également les autres pays du monde.  Le cas des catastrophes naturelles, des menaces terroristes, et autres actes de délinquances qui “déstabilisent les pays et les peuples” auxquels il faut ajouter toutes sortes de violences contre les personnes vulnérables, notamment les femmes et les enfants, et “contre les personnes détentrices de l’autorité” ont été abordés. “Dans un monde globalisé, aucun pays, grand ou petit n’est évidemment à l’abri, y compris le nôtre, malheureusement”, dit-il. Azali Assoumani ramènera, de là, les forces de l’ordre à leur mission première, qui est d’”assurer la protection des Comoriens, garantir leur droit à la sécurité, leur permettre de jouir de leur liberté”.


S’agissant de la démocratie, le chef de l’Etat s’est vanté pour sa qualité de grand garant de la démocratie, sinon comment peut-on, selon lui, nier cela, alors que tout le monde y compris les membres de l’opposition s’exprime dans le journal Al-watwan, le journal d’Etat. “N’est-ce pas un signe de liberté d’expression”, demande le président à l’assistance dans son discours en comorien.

User de tous les moyens légaux pour le retour de Mayotte

Reconnaissant les difficultés auxquelles les forces de l’ordre  font face dans l’exercice de leurs missions, le chef suprême des armées a annoncé des mesures pour satisfaire non seulement leurs besoins quotidiens, mais aussi pour accentuer le renouvellement et la modernisation de leurs outils de travail. Il a prévenu que,

désormais, le manque de respect et autres violences exercées contre les forces de l’ordre ne seront plus tolérées

Eet que “tous ceux qui mettent en péril notre sécurité à tous, seront systématiquement recherchés, identifiés, mis à disposition de la justice pour qu’ils soient poursuivis, jugés et condamnés selon la loi”. Le chef de l’État s’étalera par la suite sur différents sujets qui font l’actualité. La crise sociale à Mayotte, une “île comorienne, administrée par la France contrairement au droit international”. Il réitérera la position du gouvernement, qui est “d’œuvrer pour le retour de l’île comorienne de Mayotte dans son giron naturel, et pour l’apaisement dans la relation entre notre pays et notre partenaire la France”.


Azali Assoumani a tenu, au passage, à remercier la classe politique et la société civile pour l’unité manifestée lors de cette crise, promettant d’”user de tous les moyens légaux y compris des discussions franches, entre partenaires, en vue de parvenir à une solution pérenne sur la question de Mayotte, à savoir, sa réintégration dans nos institutions”.


Il reviendra ensuite sur la “tenue réussie” des assises nationales. Les résultats et les recommandations, annonce-t-il, sont à l’étude en vue de les mettre en œuvre très prochainement.  Il espère que celles-ci vont “déboucher, dans les mois qui viennent, à des réformes indispensables, pour doter l’État et les institutions des moyens dont ils ont besoin”, et qu’elles vont “permettre à nos institutions, d’assurer la continuité nécessaire, pour conduire le développement durable de notre économie et réussir l’émergence de notre pays à l’horizon 2030”.

“Pouvoir exceptionnel”

Le président de la République reviendra également sur le Rapport officiel de la commission d’enquête parlementaire concernant la citoyenneté économique, qui lui a été remis récemment. Il a réitéré, après avoir rendu hommage aux parlementaires qui ont mené l’enquête, son engagement à “user de tous les moyens légaux afin de donner à ce rapport la suite qu’il convient, afin que cela serve de leçon aux générations présentes et futures de notre pays”. Il y va, insiste-t-il, de l’intérêt de la Justice et de l’état de droit dans notre pays.


Enfin, il achèvera son propos sur la “Décision” prise, le 13 avril dernier, de transférer provisoirement les compétences de la Cour constitutionnelle à la Cour suprême. Il affirme avoir pris cette décision en vertu de l’article 12-3 de la Constitution, lequel donne au chef de l’État un “pouvoir exceptionnel” dans l’exercice de ses fonctions.
Azali Assoumani rappellera que cette Cour, censée comporter huit membres, n’en disposait que trois. “Ce qui la rendait dysfonctionnelle de part son règlement intérieur”, poursuit-il.


Lire aussi : Transfert des compétences de la Cour constitutionnelle à la Cour suprême “Le président a agi dans le cadre de ses fonctions exceptionnelles”


Quant à savoir s’il ne lui revenait pas d’imposer aux personnes concernées de désigner leurs conseillers, il a répond qu’”aucune disposition constitutionnelle ou légale, ne permet au président de la République de contraindre les personnalités concernées, à désigner leurs représentants”. “Nous sommes en République. Nous sommes en démocratie. Nous avons des textes à appliquer et à faire respecter”, poursuit-il, fustigeant “les polémiques politiciennes”, qui n’ont pas lieu d’être.


Il ne se privera pas de faire remarquer que cette Cour a été déjà pointée du doigt lors des assises nationales, et qu’il était déjà question de transférer ses compétences à la Cour suprême. “Avant-hier j’ai tout fait pour respecter l’État et la démocratie. Et ce n’est pas aujourd’hui que le président de la République de l’Union des Comores, élu à l’issue d’un fameux troisième tour en 2016, portera atteinte à la démocratie et aux libertés fondamentales ou qui mettra en péril la réconciliation nationale”, achève-t-il.

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