Elaboration d’une feuille de route pour accélérer la réduction de la mortalité maternelle, lancement de «la Campagne accélérée pour la réduction de la mortalité maternelle en Afrique», renforcement des capacités techniques et opérationnelles des formations sanitaires à tous les niveaux, développement et mise en œuvre du Programme national de santé de la reproduction 2016-2019 ou encore amélioration de l’accessibilité financière à travers le financement basé sur la performance, axé sur la santé maternelle et néonatale sont autant de politiques mises en place par les autorités pour lutter contre la mortalité maternelle.
Si les résultats sont probants, le pays est passé de 517 décès sur 100.000 naissances en l’an 2000 à 172 décès en 2012. Cependant, malgré cette nette amélioration, le pays est tout loin des objectifs fixés qui sont de 11 morts par an. On notera que c’est l’île de Ndzuani qui reste la plus touchée sur tout le territoire. En 2016, par exemple, il y a eu 22 décès dont 12 à Ndzuani.
De 2012 au mois d’avril 2019, il y a eu 171 décès dont neuf depuis le début de l’année en cours. Une triste réalité d’autant que la majeure partie de ces décès peut être évitée. Selon Zainata Aboubacar, sage-femme spécialisée en santé publique et responsable nationale de maternité à moindre risque, il y a dans la plupart des cas un manque de plan d’accouchement notamment au niveau du transport et des moyens. A cela s’ajoute l’absence de donneurs de sang au temps voulu. Aussi, il n’y a pas un personnel qualifié dans certains hôpitaux et centres de santé. «Il y a un manque criant de personnel qualifié et c’est ce qui nous cause du tort», dit-elle avant de convier les autorités sanitaires à engager un plan de recrutement dans les structures, surtout au niveau des postes de santé et des hôpitaux, puisque paradoxalement, les ressources humaines existent grâce à l’Ecole de médecine et de santé publique (Emsp) qui forme un nombre important d’agents dans le domaine.
À l’en croire, des aides-soignantes font office de sages-femmes dans certains postes de santé et font des accouchements ou des consultations prénatales ce qui aggrave la situation. «Certains signes de complications passent inaperçus parce que le suivi n’est pas effectif et quand on s’en rend compte, il est quelques fois trop tard malheureusement. Dans certains centres, il n’y a même pas de fiches de poste, c’est dire l’étendue des difficultés», nous explique Zainata Aboubacar. Pourtant, des espoirs subsistent L’année dernière, il y a eu, par exemple, une relecture du Protocole de surveillance de décès et néonatales. Jusqu’ici, le souci majeur réside dans le suivi qui est «plus ou moins faible», notamment à cause des barrières financières.
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Pour ce qui est des césariennes, elle serait dans la plus part des cas dus à des dystocies ou encore des souffrances fœtales. Depuis 2012 jusqu’à 2017, il y a eu 10.661 césariennes pratiquées sur 96.634 accouchements, soit 11,03%. Un chiffre qui entre dans les normes internationales qui se situent entre 3 et 15% des naissances. Aujourd’hui, des chariots d’urgence ont été mis en place dans différents hôpitaux et le plateau technique est amélioré «mais les ressources humaines ne suivent pas», continue de dire Zainata Aboubacar. De son côté, docteur Saïd Ali Mbaé, administrateur chargé de la santé auprès de l’Unicef, explique que la dernière Enquête démographique et de santé et à indicateurs multiples (Edsc-Mics II) qui date de 2012 fait état d’un taux de mortalité «infantile et infanto-juvénile de 36 décès pour 1000 et 50 décès pour 1000. La mortalité néonatale est actuellement estimée à 24 pour 1000». Ces décès seraient dus à des infections, au poids, à la prise en charge, à la malformation, à la température ambiante, à la respiration, entre autres, et se manifesteraient entre le premier et le vingt-huitième jour suivant la naissance de l’enfant.
«Il faut donc voir comment diminuer ce taux en réduisant les facteurs de risque», affirme Saïd Ali Mbaé. Il citera notamment la méthode Kangourou qui fait ses preuves. Cette méthode «est un contact peau à peau entre le parent et le bébé. C’est une technique simple et économique grâce à laquelle le parent sert d’incubateur au nouveau-né en assurant un contact peau à peau permanent», expliquait Thamra Kamardine, directrice de la Santé familiale aux Comores dans la Lettre du Pasco de février 2019. A l’en croire «cette méthode s’est révélée être la manière la plus efficace de sauver les bébés prématurés dans plusieurs pays».
Al-watwan a essayé d’interroger Miriam Abdallah, majore du service de maternité du Centre hospitalier national El-Maarouf et major de la salle d’accouchement mais l’entretien n’a pas eu lieu faute d’emploi du temps et ce malgré la volonté manifeste de l’intéressée de répondre à nos questions. Aussi, le ministère de la santé nous a dit d’attendre le retour du directeur général de la santé lequel est «à l’étranger».
Abdallah Mzembaba