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Ali Bazi Selim n’est plus / Une étoile s’est éteinte

Ali Bazi Selim n’est plus / Une étoile s’est éteinte

Société | -   Abouhariat Said Abdallah

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Une figure emblématique des Comores, Ali Bazi Selim, s’est éteinte dans la nuit du mercredi 9 janvier 2018 à Agakhan Hospital, à Dar-es-salam où il était en soin depuis 15 mois. La toilette mortuaire a été effectuée, hier soir à la mosquée Manmour, en présence de son fils ainé, Ahmed Ali Bazi, et de l’ambassadeur des Comores à Tanzanie, Dr Badaoui Mohamed Fakih. Des obsèques nationales ont été organisées en ce vendredi dans sa ville natale, Ntsudjini.


Ce grand homme d’Etat est né en 1934 à Ntsudjini, dans la région d’Itsandra. Il est le fils de Selim Karihila, navigateur de Mistudje, ayant introduit, selon les informations dont nous disposons, les cocotiers et les fruits exotiques aux Comores. Sa mère a été Soibirat Abdoulatuf Msafumu, petite fille du sultan Msafumu.


Ali Bazi Selim a fait des études de comptabilité à Madagascar et sera élu, pour la première fois, conseiller général en 1957 sous l’étiquette du parti vert, succédant à Soilihi Mtsachiwa, père du feu président Ali Soilihi, avant d’être réélu député à l’Assemblée autonome des Comores jusqu’en 1975. Après le coup d’Etat du 3 août 1975, Bazi Selim s’est retiré de la vie politique et s’est investi dans le commerce. Il deviendra ensuite membre de la Cour suprême en 1978, après la chute du régime révolutionnaire. En 1982, il est élu président de la chambre de commerce et remplace Saïd Mohamed Djohar.


En janvier 1985, il est nommé pour la première fois, ministre d’Etat et numéro trois du gouvernement en charge de l’Equipement et de l’Aménagement du territoire. Il lui arrivait, des fois, d’assurer l’intérim du président de la République lorsque celui-ci était en déplacement. Le 8 mars 1985, des éléments de la garde présidentielle et le parti Front démocratique sont accusés de tentative de coup d’Etat.  Sous l’autorité d’Ali Bazi Selim, président par intérim, les mercenaires procèdent à des arrestations musclées dans tout l’archipel. Il sera limogé en septembre 1985. Et depuis, il se serait rallié à l’opposition.


Candidat de l’opposition aux législatives de mars 1987 contre l’ancien ministre Mohamed Moumini ; mari de sa nièce, il fut déclaré vaincu par les résultats du ministère de l’Intérieur de l’époque. Il contesta les résultats par un hitima. Son concurrent déclaré vainqueur, soutenu par le régime, s’est retiré et refusa de siéger à l’Assemblée nationale.
Une élection partielle est organisée quelques mois plus tard. Ali Bazi Selim, candidat de l’opposition, est élu seul  député de l’opposition à l’Assemblée nationale où il s’est illustré dans le combat contre la révision constitutionnelle qui devait permettre à Ahmed Abdallah de se représenter aux présidentielles de 1990. Lors des présidentielles de 1990, au premier tour, devant la profusion des candidats de l’opposition, il n’a soutenu personne. Au second tour, il a choisi Saïd Mohamed Djohar contre Mohamed Taki. Il fut nommé conseiller à la présidence de la République.


En 1996, il a soutenu dès le premier tour Mohamed Taki. Après la victoire de ce dernier, il devient le chef des partis de la majorité présidentielle, dont sa mission essentielle est de fusionner les partis en un seul, projet mort-né puisque le président succomba deux années plus tard dans des circonstances non élucidées.
Il s’est retiré de la vie politique, encore une fois, en 2000 et a en intégré le comité des sages, puis créa le Mouvement du 11 août en 2015. Les journalistes d’Al-Watwan vont élire Ali Bazi Selim, personnalité de l’année 2017.


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A l’occasion d’une cérémonie en hommage à la délégation comorienne des jeux des îles de l’Océan indien, à la place de l’indépendance, l’ancien ministre d’Etat Ali Bazi Selim a tenu un discours qui a longtemps retentit dans le cœur des comoriens. Le fameux appel du 11 août. Il a dit «il est temps de nous asseoir et de discuter». Il a appelé au retour de la dignité de l’Etat comorien, au dialogue avec la France, concernant l’île comorienne de Mayotte, mais d’Etat à Etat. Cet appel a donné naissance au Mouvement du 11 août, qui aboutira aux Assises nationales en 2018.


 

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