Des Comoriens disparus depuis des années seraient-ils en vie et retenus prisonniers dans des geôles libyennes ? Des photos émanant d’un ancien prisonnier qui a réussi à s’échapper en se faisant passer pour un béninois confirment cette thèse à en croire le président de Umodja wa Ngazidja, une association créée par les proches des ressortissants «des victimes». Avant-hier, ce collectif a été reçu au ministère des Affaires étrangères et de la coopération internationale. Les familles ont exposé la situation devant le représentant régional de l’Oim.
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A l’heure actuelle, on a recensé plus de quatre-vingt personnes grâce aux photos que les proches ont transmises au ministère. Un chiffre qui pourrait augmenter, selon le directeur général des Comoriens de l’étranger du Maeci, Abdourahmane Saïd Bakari.«Nos rencontres avec les familles sont devenues régulières depuis un mois. C’est au cours de ces échanges que nous avons appris que la plupart des Comoriens, dont il est question, sont partis depuis 2014, d’autres en 2015. L’aventure commence en Afrique du Nord, au Maroc ou au Soudan. Le plus souvent, ils se retrouvent bloqués en Libye en cas de naufrage. Lorsque les familles sont venues, nous leur avons demandé d’apporter des pièces qui pourraient nous aider à lancer les recherches», a-t-il indiqué dans notre entretien d’hier.
Affaire de tous
Il y a quelque jour, le Maeci a reçu 80 photos venant des familles. Il les a scannés et partagés avec l’organisation internationale pour les migrations (Oim).
Sans tarder, l’Oim a saisi ses bureaux se trouvant dans la région. La représentation diplomatique se trouvant en Libye est également sur le coup. «Ce n’est pas une affaire de certaines familles. Non loin s’en faut. Il s’agit d’une situation qui touche tout le peuple comorien. L’Etat ne pouvait pas rester les bras croisés. Voilà pourquoi, on a mobilisé les partenaires bi et multilatéraux comme l’Oim pour retrouver nos concitoyen», a rassuré Abdourahmane Said Bakari.
Ce dernier a toutefois soulevé la question de l’insécurité qui risque de compliquer la recherche car «même l’Oim a réduit son personnel pour des mesures de sécurité».
Malgré ces obstacles, le chef du commissariat de la diaspora reste confiant. Pour le moment, on ne connait pas le nombre exact des personnes portées disparues en Libye. Des noms arrivent tous les jours. Un père qui faisait partie de la délégation de l’association Umodja wa Ngazidja aurait reconnu sa fille habillée en tenue militaire à travers une photo. «On aurait voulu dépêcher un émissaire sur place, mais les conditions ne le permettent pas. Nous ne perdons pas espoir», a-t-conclu. En 2018, l’Oim avait rapatrié 87 migrants comoriens qui étaient bloqués en Libye. Hier même, on attendait l’arrivée de deux ressortissants comoriens qui se trouvaient en Egypte toujours grâce aux efforts de l’Oim.