« Il y a des prospections en cours avec des dépenses engagées par les prospecteurs ». Le président de la République, lors de sa première conférence de presse, a ainsi confirmé la poursuite des travaux de prospection géophysique. On sait bien que toute prospection se fait en moyenne en trois phases, d’après un ancien ministre de l’Energie qui s’est exprimé, il y a six ans, dans nos colonnes. « Une première en deux dimensions, une seconde en 3D et une dernière en forage », peut-on lire dans cette interview de 2013. Trois étapes à franchir avant de passer au « volet Formation » durant laquelle chaque compagnie souhaitant se positionner devra se préparer à former des ressortissants comoriens dans ce secteur pétrolier. Al-watwan a essayé d’entrer en contact avec le Bureau géologique des Comores (Bgc) pour plus d’informations sur le niveau des avancées techniques actuelles six ans après cette déclaration dudit ministre, en vain.
« Achat data 2016-2017 »
Voulant s’enquérir plus d’éléments sur la nature et l’évolution des prospections actuelles, Al-watwan s’est procuré de copies de deux courriers rédigés suite à transfert d’un fonds de la part de l’ION (Gtx technologies). Il s’agit de la lettre N°19/48/MFB/CAB dans laquelle on formule une « demande de transfert d’argent» et «dans le cadre du développement des infrastructures de l’Union des Comores », adressée au directeur général du Bureau géologique des Comores (Bgc). Dans ladite lettre, il lui a été demandé de transférer, sur les 300 millions de francs comoriens versés par l’ION, un montant de 200 millions de francs sur un compte intitulé « projet de développement biosécurité » domicilié à la Banque centrale des Comores (Bcc). A son tour, le patron de la Bgc a demandé à l’Exim-bank Comores, à travers la lettre N°019-40/BGC/CB du 17 juin 2019, d’effectuer le transfert par virement des fonds demandés sur le compte de la Bcc.
De cette transaction, une source bien informée et qui préfère garder l’anonymat explique que ces 300 millions de francs de l’ION ne sont autres que des royalties de l’ordre de 10%, comme redevance, et qui ferait suite à l’achat de données géophysiques sismiques ou « Achat data 2016-2017 » conformément aux textes en vigueur. Ce qui laisserait dire que l’ION (Gtx technologies) « aurait vendu ces données à trois milliards de francs comoriens ou plutôt la somme totale reçue par l’ION serait de trois milliards de francs».
Sachant que l’ION (Gtx technologies) dispose de dix ans pour commercialiser les données dont elle dispose. Il faut rappeler que la société ION avait affrété deux navires différents au cours des premières prospections de la campagne 2011 et celles de la campagne de 2014. S’agit-il vraiment de 300 millions de francs de royalties suite à un achat de données ou plutôt ce sont les 300 millions de francs de manque à gagner, (lire notre édition du 22 août 2017), occasionné par le non-respect des clauses d’achats des données sismiques stipulées à la fois dans le contrat de partage de production (Cpp) et dans la convention entre Western/Safari et ION ? Une interrogation dont seul le bureau géologique des Comores est en mesure de répondre.
Il ne s’agit pas d’un premier achat des données, d’après notre source. « Le Bgc peut parfois recevoir 80 millions de francs suite un achat de données », rapporte-t-il. Les responsables du Bureau géologique ont entériné le principe de l’achat des données géophysiques à la suite de la réunion du Comité de direction, tenue les 21 et 24 septembre 2016, approuvant « un nouveau programme de travail » ainsi que « le principe de l’achat de 3121 km de lignes sismiques 2D auprès d’ION pour un montant de 1,5 million de dollars », d’après une source proche du dossier.
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