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Saïd Mohamed Djalim / Représentant de l’Asecna à Moroni  : «L’Union des Comores continuera à bénéficier des gros investissements de l’Asecna»

Saïd Mohamed Djalim / Représentant de l’Asecna à Moroni  : «L’Union des Comores continuera à bénéficier des gros investissements de l’Asecna»

Société | -   Ali Abdou

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En marge de la célébration du 60ème anniversaire de la création de l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et Madagascar (Asecna), le représentant de l’organisation auprès de l’Union des Comores, Saïd Mohamed Djalim, nous a accordé une interview pour revenir sur le bilan des soixante ans. Il évoquera également les quinze années de service dans l’espace aérien comorien. Saïd Mohamed Djalim reviendra sur la coopération étroite entre l’Asecna et le gouvernement comorien, sa politique d’emploi pour la jeunesse et les projets en faveur de l’émergence des Comores à l’horizon 2030.

 

Le 12 décembre 2019, l’Agence pour la Sécurité de la Navigation Aérienne en Afrique et à Madagascar a célébré le 60ème anniversaire de sa création. Quel bilan faites-vous de ces 60 ans de coopération ?


Effectivement ce 12 décembre 2019, l’Asecna créée par la convention signée à Saint-Louis (Sénégal), atteint ses soixante ans d’existence. Tout au long de cette période, elle s’est transformée pour s’adapter au nouveau contexte politique et économique, devenant ainsi un modèle de coopération, d’intégration et de réussite technique dont le continent peut être fier. L’Asecna a toujours su relever de multiples défis : la formation de ses propres cadres pour remplacer les coopérants français, la signature d’une nouvelle convention relative à l’Asecna dite Convention de Dakar révisée, adoptée à Ouagadougou au Burkina Faso et signée à Libreville en République Gabonaise le 28 avril 2010, l’instauration d’une relation de partenariat avec son personnel (Statut Unique, Code de rémunération, régime social…), l’autonomie financière, l’évolution technologique et opérationnelle, etc…

 

Lire aussi: Navigation aérienne / Les 60 ans de l’Asecna célébrés à Moroni


Ses efforts et sa contribution à la sécurité aérienne ont été reconnus par ses Etats membres, ses usagers à savoir les compagnies aériennes, les bailleurs de fonds et les organisations internationales du secteur du transport aérien.

 

2004-2019, 15 ans déjà depuis l’adhésion de l’Union des Comores à l’Asecna. Pourriez-vous nous parler de vos apports dans le service aérien comorien ?

 


Depuis l’adhésion des Comores à l‘Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar, la Représentation nationale assure parfaitement les services destinés à garantir la sécurité et la régularité des vols des aéronefs dans l’espace aérien qui lui est confié par l’Etat Comorien. L’on constate par exemple une diminution significative des évènements de sécurité. Cette tendance s’explique surtout par la volonté des différents acteurs d’atteindre les objectifs qui leur sont fixés dans le plan de mise en œuvre du Système de Management de l’Asecna intégrant plusieurs volets dont ceux relatifs à la sécurité de la navigation aérienne et du système d’information.

 

L’Asecna est considérée dans ses États membres comme l’un des partenaires stratégiques en matière de lutte contre le chômage et d’insertion professionnelle des jeunes. Combien d’emplois peut-on parler aux Comores entre 2004 et 2019, et combien compte en créer pour les 15 prochaines années ?

 


Lors de l’adhésion des Comores à l’Asecna, sa Représentation aux Comores disposait d’un effectif de 73 agents. Aujourd’hui l’effectif de la Représentation est de 159 agents. L’Asecna dispose d’un Plan d’effectifs optimum sur la période 2018 à 2020 et l’effectif optimum de la Représentation est fixé à 175 agents. Au-delà de cette période, d’autres plans d’effectifs seront établis en fonction des besoins des services.

 

Lors de l’inauguration de la centrale électrique automatisée, qui coïncidait avec l’inauguration du nouveau siège de la Représentation, Mohamed Moussa et Azali Assoumani avaient procédé à la pose de la première pierre du nouveau bloc technique de l’Agence. Où en est-on ?


Dans le cadre de la mise en œuvre de son Plan de services et équipements (Pse) 2018-2022, l’Asecna avait lancée en 2018 un avis d’appel d’offres pour la construction d’un Bloc technique et une tour de contrôle. Mais cet appel d’offres a été déclaré infructueux par la Commission de dépouillement et de jugement des offres (Cdjo). Aussi, il est procédé, conformément à la réglementation des marchés de toute nature passés au nom de l’Asecna (Rmtn), par un nouvel appel d’offres lancé en 2019 et qui a abouti à la signature d’un marché avec une société de construction basée à Madagascar. Le démarrage des travaux est prévu en début d’année 2020.

 

Parmi les promesses de campagne de l’actuel directeur général de l’Asecna, le projet du ciel unique pour l’Afrique était au premier plan. Est-il parvenu à cette ambition ?


Le projet «Ciel unique pour l’Afrique» est une vision stratégique Asecna pour 2032. Aujourd’hui, en dehors des Etats membres de l’Asecna, les Etats de l’Afrique australe, du nord ou de l’Afrique de l’est gère l’espace aérien situé au-dessus de leurs limites territoriales. Cette gestion est basée sur des équipements qui diffèrent souvent d’un pays à un autre, rendant difficiles la coordination et le suivi du vol en raison principalement du manque d’interopérabilité, avec des implications néfastes sur la sécurité de la navigation aérienne.

Pour faire face à ce problème, la gestion coopérative des espaces aériens dans le cadre d’un «Ciel unique africain» reste pour l’heure la réponse incontournable car elle permettrait une mutualisation parfaite des ressources disponibles. Au plan pratique, la mise en place de ce projet dans la zone Afrique et Océan indien (Afi) peut être facilité par l’existence sur le continent d’une Agence qui opère déjà dans ce domaine et qui regroupe aujourd’hui dix-huit Etats. C’est ainsi que l’Asecna s’engage non seulement à accueillir de nouvelles demandes d’adhésion en tant qu’Etat membre, mais aussi en développant des accords de coopération technique, au sens de l’article 8 de la Convention, avec les fournisseurs de la navigation aérienne (Air navigation services providers, Ansp).

 

Le Directeur de l’Asecna avait annoncé la signature du premier accord pour avoir le signal ADS-B à partir des satellites. Est-il déjà opérationnel ? Si oui, et quel changement peut-on constater ?


En janvier 2018, l’Agence a signé un contrat avec Aireon, fournisseur de données ADS-B par satellite. A travers ce contrat, le prestataire s’est engagé à fournir à l’Asecna jusqu’en fin décembre 2019 les données ADS-B de tous les aéronefs évoluant dans l’espace aérien sous sa responsabilité. Depuis fin novembre 2019, l’Asecna a commencé à recevoir les informations ADS-B sur ses écrans de contrôle à titre d’expérience. Toutefois, ces données ne sont pas à utiliser pour l’heure pour appliquer des séparations. Elles lui permettent de mieux appréhender la situation aérienne et lui donnent des indications supplémentaires dans la gestion de son trafic. Pour compter du 1er janvier 2020, ces données vont être utilisées officiellement pour conduire les expérimentations opérationnelles.

 

Les étudiants comoriens s’étaient habitués au concours de recrutement de l’Asecna qui s’organise chaque année. Cette année, ce concours n’a pas eu lieu. Que s’est-il passé ?


Le concours est organisé chaque année selon les besoins de l’Agence exprimés par la direction des ressources humaines ou les aviations civiles des Etats membres. L’année dernière, ce concours a été organisé et il y a eu 10 admis qui sont partis à Dakar, au Sénégal, pour une année préparatoire à l’Ecole régionale de la navigation aérienne et du management (Ernam) avant d’intégrer l’Ecole africaine de la météorologie et de l’aviation vivile (Eamac) du Niger. On a organisé aussi un concours de recrutement de sapeurs-pompiers.

 

Le président de la République, Azali Assoumani, a fait le pari de placer l’Union des Comores dans les rangs des pays émergents d’ici 2030. Quelle serait la contribution de l’Asecna pour la réussite de ce pari ?


A l’instar des Etats membres, l’Union des Comores va continuer à bénéficier des gros investissements de l’Asecna pour la mise à niveau de ses installations et équipements de la navigation aérienne. Dans son Plan de services et équipements (Pse) 2018-2022, il est prévu principalement, la construction d’un Bloc technique et d’une nouvelle tour de contrôle. Mais également la construction de 10 logements d’astreinte, la construction d’une caserne des pompiers, ainsi que l’implantation de l’ADS-B terrestre et satellite.

 

Quel est votre dernier mot sur l’amélioration de la qualité de vos services.


Pour l’amélioration continue de la sécurité aérienne, l’Asecna s’appuiera, au plan opérationnel, sur la formation des contrôleurs de la circulation aérienne, l’extension du contrôle radar à l’ADS-B terrestre et satellite, mais aussi sur le renforcement du Système de management intégrant la sécurité, la sûreté, la qualité, la santé et sécurité au travail, l’environnement et la mise à niveau du réseau de télécommunications. Comme disait Socrate «On ne peut mieux vivre qu’en cherchant à devenir meilleur, ni plus agréablement qu’en ayant la pleine conscience de son amélioration».


Propos recueillis par
Ali Abdou

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