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«Tentative d’assassinat» de Moustadroine Abdou / La perpétuité pour trois des prévenus, assortie de trente années de sûreté

«Tentative d’assassinat» de Moustadroine Abdou / La perpétuité pour trois des prévenus, assortie de trente années de sûreté

Société | -   Sardou Moussa

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Sur les neuf prévenus, quatre ont été reconnus coupables de «tentative d’assassinat et complicité de tentative d’assassinat, troubles à l’ordre public, port d’armes illégal». Par contre, Mouhidine Abdallah dit Alex et Siam Ousseine alias Basha, ont été déclarés non coupables et relaxés.

 

Le procès de la «tentative d’assassinat» de l’ex-vice-président de la République, Moustadroine Abdou, a connu son dénouement hier jeudi au palais de justice de Mutsamudu, où a siégé la Cour de sûreté de l’Etat, présidée par le juge Ali Abdallah. Sur les neuf prévenus, quatre ont été reconnus coupables de tentative d’assassinat et complicité de tentative d’assassinat, troubles à l’ordre public, port d’arme illégal, et trois ont été condamnés à la peine maximale, à savoir la prison à perpétuités, assortie de trente années de sûreté.
Mouhidine Abdallah dit Alex et Siam Ousseine alias Basha, ont par contre été tous les deux déclarés non coupables et relaxés. Tout comme la plupart des prévenus, ce sont leurs échanges téléphoniques avec les auteurs de l’attaque qui leur ont valu d’être poursuivis pour «non révélation d’un projet d’assassinat», alors qu’ils ont de bout en bout nié en avoir été au courant.
Les condamnés à vie sont Ibrahim Salim Abdoulmadjid, un ancien employé du port de Mtsamdu ya Ndzuani, en cavale à Mayotte, et qui est considéré comme l’instigateur principal de l’attaque à l’arme à feu contre le véhicule de Moustadroine, le soir du 21 juillet 2018. Il s’agit également d’Elhad Ibrahim Halifa, contrôleur financier du commissariat insulaire aux Finances jusqu’à son arrestation en juillet dernier. La voiture qui a servi à transporter le tireur lui appartient, tout comme il a reconnu avoir préparé le coup avec son ami, Ibrahim. Le tireur embusqué recruté pour cette opération, Mohamed Ali Abdallah alias Regné, fait lui aussi partie du sinistre lot. C’est un ancien soldat qui a servi dans l’armée nationale de 2007 à 2014.
 
Un jury insensible

Il faut dire que le jury est pratiquement demeuré insensible aux plaidoiries de leurs avocats, qui ont usé de tout leur talent pour démontrer que leurs clients n’avaient aucunement prévu de tuer le vice-président, mais simplement de l’intimider. Pendant les audiences des prévenus, la veille, Elhad avait soutenu que le but de leur opération était «d’intimider» Moustadroine Abdou pour ses «déclarations déplacées», et contester la suppression de la Cour constitutionnelle et le référendum constitutionnel. Peu avant la lecture du verdict par le jury, il a (Comme d’ailleurs tout le reste de ses coaccusés) demandé pardon à la justice, puis à l’ancien vice-président Moustadroine pour ce qu’il avait tenté de lui faire subir, et imploré la clémence de la Cour à son endroit, promettant de ne jamais refaire la même erreur.
La Cour est également restée de marbre vis-à-vis des cas des frères Kadrichafi et Yasserdine Mohamed, Mahamoud Mohamed Elarif et Hamidoune Ismaël alias Kassapa et le jury s’est plutôt rangé du côté du réquisitoire du commissaire du gouvernement. Kadrichifa, le conducteur du véhicule, a donc  écopé de cinq ans de prison dont trois fermes, bien qu’il ait beaucoup insisté sur sa «méconnaissance» du but de l’opération. Son frère, Yasserdine, aurait, selon les juges, fourni le sac destiné à cacher l’arme. Chose qu’il a ardemment niée, sans pouvoir échapper à la peine de douze mois de prison prononcée contre lui et Mahamoud Elarif, le coordinateur du parti Juwa à Ndzuani, dont trois fermes pour ce dernier et quatre pour lui (ayant purgé plus de quatre mois déjà, ils ont donc été libérés à la fin du procès).

Appels téléphoniques

Quant à Kassapa, un militaire qui assurait, jusqu’à son arrestation, la fonction de garde rapproché du directeur de cabinet du président de la République au niveau de Ndzuani, il a lui aussi pris cinq ans. Il a été reproché d’avoir échangé plusieurs appels téléphoniques avec Ibrahim Salim tout au long de la journée du 21 juillet, lui tenant ainsi au courant de l’itinéraire des autorités de l’Union dont le vice-président, selon les conclusions du jury.
Certains éléments ont cruellement fait défaut dans ce procès, qui auraient pu permettre une meilleure manifestation de la vérité, selon, entre autres, des avocats de la défense. C’est le cas des fichiers sonores des appels téléphoniques échangés entre les suspects : en effet, c’est uniquement sur la base des fréquences des appels échangés, et non sur leurs contenus, que la plupart des prévenus ont été incriminés. Sans compter l’absence du principal organisateur de l’opération, Ibrahim, dont le témoignage aurait permis de lever plusieurs incertitudes.

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