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Les élus de l’opposition dénoncent une "mise à mal de l'unité nationale"

Les élus de l’opposition dénoncent une "mise à mal de l'unité nationale"

Politique | -   Dayar Salim Darkaoui

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Les assises, la Cour constitutionnelle, le référendum du mois de juillet ou encore le rapport d’enquête sur la citoyenneté économique. Tous les sujets ont été passés en revue par les députés de l’Union de l’opposition, réunis au Conseil de l’île de Ngazidja. Ils dénoncent une mise à mal de l’unité nationale, un coup de force dans “la dissolution de la Cour constitutionnelle” pour faire passer le référendum de juillet, quand ils ne parlent pas de privation des libertés élémentaires.

 

Les élus de l’opposition se sont réunis hier jeudi, au Conseil de l’île de Ngazidja, “dans un cadre d’informations et d’échanges avec nos électeurs et concitoyens”, pour reprendre les mots des députés dans leur lettre adressée au chef d’Etat-major, Youssouf Idjihadi, l’appelant à sécuriser la réunion. Celle-ci s’est déroulée somme toute sans incident. Présentes en nombre sur la Place de l’indépendance, les forces de l’ordre restaient cependant à distance respectable.


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Les assises, la Cour constitutionnelle, le référendum du mois de juillet ou encore le rapport d’enquête sur la citoyenneté économique. Tous les sujets ont été passés en revue. Et les coups pleuvaient de partout. “La peur a changé de camp”, lance le député Mohamed Msaidié, en ouverture des hostilités. Le député de Moroni sud s’attaquera aux assises et aux recommandations qui en sont issues, lesquelles n’ont pour but que de “semer le désordre au sein de nos îles”. Une quarantaine d’élus, annonce-t-il, a d’ores et déjà signé un mémorandum, qu’ils comptent soumettre à toutes les instances internationales, pour faire part de la menace que font peser ces assises sur l’unité nationale.

“Le pays est en grand danger. On veut nous faire revenir au temps du séparatisme”, juge l’ancien ministre Mohamed Bacar Dossar, appelant au respect des acquis des accords de Fomboni. Le régime actuel, poursuit-il, plonge le pays dans des conflits politiques, au lieu de s’atteler à trouver des solutions au quotidien difficile des Comoriens.

Coup de force

“Tout est ramené aux assises”, constate le député Oumouri Mmadi. Ce dernier estime que  le  transfert notamment des compétences de la Cour constitutionnelle à la Cour suprême, n’est rien qu’une anticipation des recommandations qui en sont issues. Mohamed Bacar Dossar voit dans la “décision” du président un “coup de force” pour faire passer le référendum du mois de juillet, puisqu’aucun organe n’est en mesure de veiller au bon déroulement du scrutin. “On n’est pas dans la voie de la légalité. Il faut le rétablissement de la Cour constitutionnelle pour valider le référendum”, exige-t-il.

En plus de “la dissolution de la Cour constitutionnelle,” le député Ali Mhadji ajoutera le gel de la Commission anticorruption, la mainmise sur le parlement et la privation des droits élémentaires. “Tous les pouvoirs sont concentrés à Beit-Salam. Le président veut se faire roi”, lance le député du Hambuu. À ce stade, dit-il, il ne reste que le renversement de l’Assemblée nationale. “Qu’ils renversent le parlement, comme ils l’ont fait avec la Cour constitutionnelle, ou bien respectent nos droits”, renchérit-il.

Lecture partielle de la loi

Le droit, par exemple, de voyager, dont ont été privés le député Mohamed Bacar Dossar et le secrétaire général du parti Juwa, Hassane Ahmed El Barwane ont été cité en exemple. Le premier, ironise le député Oumouri Mmadi, parce qu’il ne disposait pas d’un carnet de vaccination ; et le second, parce qu’il lui fallait un soi-disant reçu d’échange de devises.


Le député Ibrahim Mohamed Soulé accuse, lui, “une lecture partielle de la loi”. Il laisse entendre que l’article 12-3 ne s’applique pas, dans la mesure où le pays n’est pas dans une “situation d’exception”. Et s’agissant de l’organisation du référendum, il affirme que les conseillers du président se sont contentés de lire la partie de l’article 22 disant que “l’initiative revient concurremment au président de la République”, faisant fi de celle qui recommande le concours d’”au moins onze députés de l’Assemblée”.


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En outre, poursuit-il, le président devait s’assurer de la nomination des conseillers à la Cour constitutionnelle, en tant que garant des institutions. Ibrahim Mohamed Soulé pointera, d’autre part, le non respect du code de passation des marchés publics, citant le cas des chantiers de la route et de l’hôtel Itsandra, attribués sans appel d’offres. Quant au rapport sur le programme de la citoyenneté économique, il y manquerait la partie relative au régime actuel. “Azali Assoumani ne peut pas être à la fois juge et parti”, réagit le député Abdallah Tocha Djohar par rapport au fait que le rapport a été remis au président, alors qu’il a lui-même été entendu par les parlementaires. Le député d’Itsandra a annoncé l’organisation d’une réunion, au même endroit, le mardi prochain, à 16 heures.

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