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Football : Le chantier du nouveau président de la fédération

Football : Le chantier du nouveau président de la fédération

Sports | -   Elie-Dine Djouma

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Entre la formation, la lutte contre la corruption ou encore, la restructuration de la fédération et la gestion de l’équipe nationale A. Le chantier de Saïd Ali Saïd Atthouman n’est pas de tout repos.

 

La Fédération de football des Comores (Ffc) va faire peau neuve? Une chose est sûre. L’instance dirigeante du ballon rond comorien a changé, partiellement, le 24 février dernier, son bureau exécutif. Elle est désormais dirigée par Saïd Ali Saïd Athouman. Le nouveau venu semble décider à faire évoluer la discipline sur de “bonnes et nouvelles bases”.

 


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Pour parvenir à ses fins, l’actuel patron du sport roi national doit passer par un assainissement de son personnel. Samedi 3 mars, il a dissout toutes les commissions juridictionnelles et les commissions régionales des arbitres. Son tout premier grand pas.

Mais le chemin est long pour le nouveau président qui doit penser à booster son administration. Nombreux sont ceux qui reprochent à ses services une très grande lenteur dans le traitement des dossiers. La fédération qui manque d’un service comptable digne du nom n’a jamais recommandé un audit intérne qui permettrait de clarifier certaines choses et améliorer son fonctionnement.

Saïd Ali Said Athouman a suffisamment promis qu’il allait travailler dans la transparence. Pour cela, il lui faudra opérer, courageusement, certains changements au niveau de ses collaborateurs. A ce niveau, selon un avis très partagé,

 

on trouve rarement les personnes qu’il faut à la place qu’il faut


La décision de suspendre les commissions juridictionnelles de l’institution semble avoir été bien accueillie. Souvent, on se demandait, en effet, à quoi elles servaient à un moment où leurs décisions étaient rarement prises en compte. C’est ainsi que les clubs radiés de la Ffc, revenaient quelques temps plus tard aux compétitions, comme si de rien n’était.


Chacun son rôle

L’affaire dite de “Mbube club de Wela vs Amical club de Shezani” en 2016 constitue une belle illustration des manquements de certaines commissions. La commission d’éthique dirigée par Nadhuima Youssouf avait acté la montée en deuxième division de Mbube.

 


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Mais cette décision de la haute instance juridictionnelle allait vite être suspendue le 9 mars par le Comité exécutif national. Des malentendus qui ne devraient plus jamais se répéter.
La Ffc devrait se pencher, sérieusement, sur le cas du président du district du centre-est, largement considéré comme un problème pour le football de base. Ali Mhamadi Siaka gèrerait, à son gré, le football dudit district qu’il patronne depuis presque une décennie. La Ffc va-t-il mener, enfin, l’enquête de moralité sur la personne recommandée par tous “pour le bien de la troisième division”.

Parlant de football de base, le nouveau président doit, nécessairement et rapidement, rendre public sa politique par rapport à l’académie Twamaya de Mitsamihuli qui a fermé ses portes.  


Et les textes ?

Les révisions des règlements généraux de la Ffc en cours de saison, cela ne devrait jamais se reproduire. C’est ce qui a été constaté il y a deux ans pour des raisons qui n’ont jamais été élucidées. Bizarrement, le fait a été toujours nié par la Ffc alors que sur la dernière version du document on pouvait lire, visiblement, sur sa page de garde : “Nouvelle version 2015”.

Si, à Ngazidja, on a pu assister, lors de la saison précédente, à des scores de plus de trente-neuf buts en deux matchs, c’est à cause de l’erreur commise par la Ffc qui a modifié le dispositif réglementaire sur le  “goal à virage”. La stabilité de la Ffc et de ces compétitions appelle, nécessairement, une révision en bonne et due forme des règlements généraux.

En cette période de transition, Saïd Ali Saïd Athouman a le devoir de s’assoir sur la même table avec les responsables des commissions des arbitres. Il n’est un secret pour personne : les hommes en noir comoriens sont la source de la plupart des conflits constatés dans les stades.

Leurs conditions de travail font partie des priorités du nouveau président, mais il s’agit d’un sujet sensible à vite revoir. Mais il ne faudrait surtout pas penser, uniquement, à améliorer leurs indemnités et leur sécurité sur les stades, il faut, peut-être surtout, les recycler afin de les inculquer la culture de l’amour du travail et l’impartialité. C’est important si l’on veut pouvoir vaincre la corruption qui n’épargne pas la discipline.   


Communiquer efficacement

La Ffc est en train de créer son site web. C’est une bonne chose. Mais on doit aussi se convaincre que la promotion du football dépend largement du rôle de la presse. Malgré le travail abattu quotidiennement par les hommes des médias pour couvrir l’activité de la discipline, ces derniers ont peiné au cours de la saison 2017 pour exercer leur métier.

Des cameramen et des photographes ont été renvoyés des tribunes officielles. C’est du jamais vu et c’est d’autant moins compréhensible que les éléments de la gendarmerie nationale qui ont donné ces instructions, connaissent parfaitement bien qui sont les principaux fauteurs de troubles dans les stades qui sont, souvent, les supporters des clubs.     


Coelacanthes, une “affaire d’Etat”

La formation a été un thème central de la campagne électorale du nouveau patron de la Ffc. Il est capital que  tous les acteurs soient intégrés dans ses projets. En effet, jusqu’ici, se sont généralement les arbitres, les administrateurs des clubs, les officiels et les entraineurs qui bénéficient des formations et recyclage. Les médias ne sont qu’exceptionnellement concernés malgré leur contribution importante au développement du football. 

 

 

L’autre gros dossier est celui des Coelacanthes qui sont devenus la vitrine de la Ffc et, plus encore, du pays. La fédération a beaucoup intérêt à avoir un traitement particulier pour l’équipe nationale A masculine. Certes, les caisses de la Ffc, si l’on en croit des membres du Comité exécutif, rencontrent des difficultés.

Mais l’on doit tout faire pour ne pas rater la date Fifa des matchs amicaux du mois de mars en cours. Une rencontre amicale doit être organisée, entre le 8 et le 27 mars. Pour se faire, la nouvelle équipe dirigeante doit reprendre les contrats signés entre ses potentiels partenaires et la Ffc notamment l’équipementier Maana Sport.

Enfin, le nouveau président de la Ffc a l’obligation d’associer, dès à présent l’Etat dans ses activités, pour éviter de mauvaises surprises. Mais il doit à ce propos, parvenir à convaincre l’Etat de remplir sa part de responsabilité dans la conduite de “son” équipe nationale. Il doit lui faire comprendre, une bonne fois pour toute, que cette équipe représente le pays et que sa gestion, c’est l’affaire de l’Etat.

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