La croissance économique est de l’ordre de 3% en 2017 contre 2,2% en 2016. Au cours d’une séance de présentation du rapport 2017 hier à Moroni, le gouverneur de la Banque centrale des Comores (Bcc), Younoussa Imani, s’est félicité de la légère hausse de la croissance en 2017 dans un optimisme prudent, expliquant, dans son mot introductif en guise de préface, que «cette reprise demeure toutefois fragile à cause des vulnérabilités persistantes liées d’une part à des ressources intérieures limitées et d’autre part à des ressources extérieures difficilement accessibles».
La croissance économique a été tirée en 2017 en grande partie par le secteur des services qui affiche «une dynamique avec une contribution de 1,2% à la croissance du Pib», suivi du secteur primaire et notamment les cultures d’exportations avec «une contribution de 1,2% en 2017 tout comme en 2016», d’après toujours le rapport de la Bcc qui note une hausse de la contribution du secteur de la petite industrie et du bâtiment, soit «0,6% contre 0,3% en 2016».
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La fourniture régulière de l’électricité, les efforts en matière de mobilisation des recettes, les envois de la diaspora et les chantiers des grands travaux dans le secteur des routes ont grandement contribué à la légère hausse de la croissance économique en 2017. Celle-ci a également profité d’un environnement économique «globalement favorable…au niveau international» où on a constaté, en 2017, «une production mondiale qui a progressé de 3,7% contre 3,2% en 2016», selon le gouverneur de la Bcc. «Les investissements publics mobilisés ont joué un grand rôle», a-t-il ajouté.
«Cette croissance a été…soutenue à la fois par la demande intérieure, avec une hausse des importations (13,7%), par la demande extérieure, plus dynamique qu’en 2016, avec une hausse des exportations (26,2%)», souligne le rapport qui indique «une hausse des dépenses en capital financées sur ressources intérieures de 67%».
Le rapport note une hausse des importations en 2017 des biens de consommation avec une hausse des produits alimentaires (+3,3%) suivis des produits carnés (+5,1%). En dépit de cette hausse, l’indice harmonisé des prix à la consommation (Ihpc) confirme «une baisse» de l’inflation estimée à 1% en 2017 contre 1,8% l’année précédente», selon toujours le rapport de 85 pages qui précise que la baisse de l’inflation est liée au «repli des prix de certains biens et services» suite à la baisse des prix des produits pétroliers au milieu de l’année 2016.
De même, «le cours de change favorable de l’Euro, et par ricochet le franc comorien, par rapport au dollar», a également contribué à contenir légèrement cette inflation, selon le gouverneur de la Banque centrale toujours dans son mot introductif. Plus, le document note «des écarts», des données relatives à divers aspects en lien avec l’inflation n’avaient pas pu être collectées. «La problématique de la sous-estimation des données statistiques est un sujet crucial dans presque tous les pays où l’appareil présente des limites», indique l’encadré 4 du rapport sur les importations.
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Les crédits à l’économie ont connu une hausse de 5,8% en 2017 représentant un total de 79,5 milliards de francs comoriens contre 75,2 milliards de francs comoriens en 2016. Malgré «la crise» dans certaines banques et la frilosité des établissements financiers due à «des créances de plus en plus douteuses» (lire ci-dessous), le rapport indique une hausse des crédits (+2,7%). Ceux liés à l’investissement enregistrent une hausse également (+5%) avec un encours total de crédit estimé en 2017 à 81,2 milliards de francs comoriens contre 78,1% en 2016.
Tableaux, chiffres et courbes à l’appui, Younoussa Imani reste mi-figue mi-raisin dans la présentation de la situation économique du pays. Il est fait mention dans ce rapport que bien «des risques» sont à prévenir. La stabilité énergétique, la poursuite de la mobilisation des recettes tout comme la stabilité politique.
Le gouverneur de la Bcc estime que le pays devrait consolider la donne actuelle en poursuivant la politique de mobilisation des ressources internes avec l’élargissement de l’assiette fiscale. «Le pays devra mener des politiques saines et ciblées qui lui permettront de mieux mobiliser les ressources intérieures et extérieures et les orienter vers les secteurs productifs afin d’assurer une transformation structurelle de l’économie vers une économie à forte croissance», a souligné le gouverneur de la Bcc.
A.S.Kemba
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